Enoncé du problème de la Question Nationale
Le léninisme a fait passer la question nationale d’une question purement interne de chaque États à une question internationale, concernant la lutte des peuples contre l’impérialisme qui les opprime.
Le léninisme donne une nouvelle vision du droit des peuples à l’autodétermination. Pour ces derniers, ce droit doit pouvoir aller jusqu’au ultimes conséquences, c’est-à-dire la complète indépendance politique et le droit de chaque nation à exister en tant qu’État indépendant.
Voici ce que disait Lénine afin d’expliquer ce point :
« L’époque de l’impérialisme est celle de l’oppression croissante des nations du monde entier par une poignée de “grandes” puissances; aussi la lutte pour la révolution internationale socialiste contre l’impérialisme est elle impossible sans la reconnaissance du droit des nations à disposer d’elles mêmes.“ Un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre” (Marx et Engels). »
V. I. Lénine, Le socialisme et la guerre.
Mais le soutien aux processus d’autodétermination ne doit pas être quelque chose de mécanique: il y a un certain nombre de conditions qui doivent être remplies pour que le soutien des partis et organisations de travailleurs se produise pour les processus d’autodétermination. Ces conditions sont que le processus d’autodétermination sert à affaiblir l’impérialisme et non à le renforcer, que le processus représente une avancée de la classe ouvrière et non qu’il sert à renforcer les forces de réaction. Au cas où ceci ne serait pas rempli, il est évident que nous n’allons pas soutenir le processus d’autodétermination, car il va à l’encontre des intérêts de la classe ouvrière.
Ensuite, comme le rappel Staline, le droit des peuples à disposer d’eux même peut amener vers 2 directions possibles :
1. « tendance à l’affranchissement politique des liens de l’impérialisme et à la constitution d’Etats nationaux indépendants ».
2. « tendance au rapprochement économique des nations », l’Union volontaire des peuples.
J. V. Staline, Des principes du léninisme.
Nation
Maintenant que nous avons compris ces quelques points, essayons de voir ce qu’est la Nation selon le marxisme-léninisme. La définition marxiste-léniniste est la suivante:
« La nation est une communauté stable, historiquement constituée, de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique, qui se traduit dans la communauté de culture. »
J. V. Staline, Le Marxisme et la Question Nationale.
Développons-le par parties.
Une nation est une communauté d’Hommes, une nation n’est pas quelque chose de racial mais une communauté historiquement formée. Il arrive qu’une nation soit formée par différents groupes ethniques ; la race n’est pas une caractéristique de la nation.
Une autre caractéristique de la nation est la communauté linguistique, c’est-à-dire qu’une nation doit avoir une langue afin de communiquer et transmettre.
La communauté de territoire est une autre caractéristique fondamentale de la nation. Comme le dit Staline :
« Une Nation ne se constitue que comme le résultat de relations durables et régulières, comme le résultat de la vie commune des hommes, de génération en génération. Or, une longue vie en commun est impossible sans un territoire commun. »
J. V. Staline, Le Marxisme et la Question Nationale.
Prenons l’exemple Angleterre et le Canada: avant ils peuplaient le même territoire, mais une partie de la population de l’Angleterre a émigré au Canada et formé une nouvelle nation sur le nouveau territoire. La diversité des territoires s’est terminée par la formation de deux nations différentes.
Le lien économique, la communauté de vie économique, est aussi une des caractéristiques d’une nation. Le lien économique réunit les différentes parties de la nation dans son ensemble, générant un sentiment d’unité. Par exemple, entre le Canada et l’Angleterre, ces liens économiques n’existent pas: c’est l’une des raisons pour lesquelles ils ne sont pas la même nation.
La dernière caractéristique de la nation est la communauté de psychologie reflétée dans la communauté de culture. Le caractère ou sentiment national n’est pas un «sentiment» abstrait de la réalité d’une manière métaphysique au sens philosophique: c’est le reflet des conditions matérielles de la vie; c’est, comme le dit Staline, la condensation des impressions reçues de la matière et, par conséquent, cela change quand la matière le fait.
La nation en tant que phénomène historique doit être analysée dialectiquement: il y a des nations qui naissent, d’autres qui restent et d’autres qui disparaissent; elles sont soumises aux lois de la dialectique (lois qui exigent que tout soit en constantes transformations). Une nation pour être considérée comme telle doit remplir toutes les caractéristiques précédemment exposées, en effet, si une seule d’entre elles n’est pas remplie, elle cessera d’exister en tant que nation.
Centralisme ou Fédéralisme
Les communistes parient sur ce point, en tant que matérialistes, pour l’analyse concrète de chaque situation concrète; En fonction des conditions matérielles dont vous disposez, vous choisirez une solution ou une autre.
Bien qu’il soit toujours préférable dans la mesure du possible que l’option fédérale soit l’exception, l’option fédérale peut-être un progrès sous certaines conditions si ces mêmes conditions imposent ce fédéralisme. Mais l’évolution logique du fédéralisme, selon les marxistes, est centralisme. Car oui, le Marxisme est centraliste. Si à court terme le marxisme peut accepter le fédéralisme, à long terme il prônera forcément le centralisme.
Lénine disait :
« Engels, de même que Marx, défendent, du point de vue du prolétariat et de la révolution prolétarienne, le centralisme démocratique, la république une et indivisible. Il considère la république fédérative soit comme une exception et un obstacle au développement, soit comme une transition de la monarchie à la république centralisée, comme un « progrès » dans certaines conditions particulières. Et, parmi ces conditions particulières, il met au premier plan la question nationale. »
V. I. Lénine, L’Etat et la Révolution.
Le développement historique même du capitalisme exige des États étendus et centralisés. À l’époque actuelle où la lutte entre la bourgeoisie et les travailleurs s’accentue, la séparation et la formation de petits États n’a pas de sens sauf dans des circonstances extraordinaires.
Les marxistes sont généralement contre les petits États, puisqu’un État petit et faible ne sera pas en mesure de faire face aux défis qu’il rencontrera dans la lutte pour la construction du socialisme et ne sera pas en mesure de faire face aux actions de la réaction nationale et internationale de la de la même manière que peut le faire un État grand, fort et centralisé. À son tour, un État décentralisé aura plus de difficultés à prendre les mesures nécessaires au bon développement du pays.
Beaucoup d’individus se disant révolutionnaires sont contre le centralisme comme s’il s’agissait de quelque chose de nuisible et autoritaire, une imposition. Nous sommes contre le centralisme forcé, mais nous parions sur le centralisme démocratique comme le meilleur moyen de s’organiser, la méthode la plus efficace pour le développement d’un État Prolétarien. Comme le disait Lénine :
« il serait impardonnable d’oublier qu’en défendant le centralisme, nous défendons exclusivement le centralisme démocratique. A cet égard, l’esprit petit‑bourgeois en général et l’esprit petit‑bourgeois nationaliste en particulier ont tellement embrouillé ce problème qu’il nous faut une fois de plus consacrer un certain temps à démêler des choses qui peuvent être dites.
Loin d’exclure l’autonomie administrative locale, le centralisme démocratique exige, au contraire, l’un et l’autre. »
V. I. Lénine, Notes critiques sur la question nationale.
Afin de développer son propos sur ce qu’est le centralisme prolétarien, Lénine conclut :
« Mais ce centralisme démocratique, Engels ne l’entend nullement au sens bureaucratique que lui donnent les idéologues bourgeois et petits-bourgeois, dont, parmi ces derniers, les anarchistes. Le centralisme, pour Engels, n’exclut pas du tout une large autonomie administrative locale qui, à condition que les communes et les régions défendent de leur plein gré l’unité de l’État, supprime incontestablement tout bureaucratisme et tout «commandement» par en haut. «Ainsi donc, République unitaire», écrit Engels en développant les vues sur l’État qui doivent être à la base d’un programme marxiste. Mais pas dans le sens de la République française d’aujourd’hui, qui n’est pas autre chose que l’Empire sans empereur fondé en 1798.
«De 1792 à 1798, chaque département français, chaque commune (Gemeinde) eut sa complète autonomie administrative, sur le modèle américain, et c’est ce qu’il nous faut avoir de même. Comment organiser cette autonomie et comment on peut se passer de la bureaucratie, c’est ce que nous ont montré l’Amérique et la première République française ; et c’est ce que nous montrent encore aujourd’hui l’Australie, le Canada et les autres colonies anglaises. Une semblable autonomie provinciale et communale est beaucoup plus libre que le fédéralisme suisse, par exemple, où le canton est, il est vrai, très indépendant à l’égard du Bund (c’est-à dire de l’État confédéral dans son ensemble), mais où il l’est également à l’égard du district (Bezirk) et de la commune. Les gouvernements cantonaux nomment des gouverneurs de district (Bezirksstatthalter) et des préfets, dont on ne sait rien dans les pays de langue anglaise et dont, à l’avenir, nous devons nous débarrasser aussi résolument que des Landrat et Regierungsrat prussiens.»
Aussi Engels propose-t-il de formuler comme suit l’article du programme relatif à l’autonomie :
«Administration autonome complète dans la province, le district et la commune par des fonctionnaires élus au suffrage universel. Suppression de toutes les autorités locales et provinciales nommées par l’État.» »
V. I. Lénine, L’Etat et la Révolution.