Le Parti, Centralisme Démocratique

(Extrait de « Introduction au Communisme », livre de Roberto Vaquero en cours de traduction)

Le Parti

La phase historique dans laquelle nous vivons, la phase impérialiste ou monopoliste du capitalisme, a forcé les marxistes à s’adapter à la réalité concrète qu’ils devaient vivre. Elle avait de nouvelles caractéristiques et Lénine fut chargé de mettre à jour la théorie marxiste, de l’adapter à la situation matérielle de la phase historique où nous nous trouvons désormais.

Dans cet extrait des Principes du Léninisme de Staline, cette nouvelle ère est clairement expliquée:

Lénine appelait l’impérialisme le «capitalisme agonisant». Pourquoi? Parce que l’impérialisme pousse les contradictions du capitalisme jusqu’à la dernière limite, jusqu’aux bornes extrêmes, au-delà desquelles commence la révolution. Parmi ces contradictions, il en est trois qu’il faut considérer comme les plus importantes.

La première contradiction est celle qui existe entre le Travail et le Capital. L’impérialisme, c’est la toute-puissance des trusts et des consortiums monopolisateurs, des banques et de l’oligarchie financière dans les pays industriels. Dans la lutte contre cette toute-puissance, les méthodes habituelles de la classe ouvrière — syndicats et coopératives, partis parlementaires et lutte parlementaire — se sont révélées absolument insuffisantes. Ou bien livre-toi à la merci du Capital, végète comme par le passé et descends toujours plus bas, ou bien saisis-toi d’une arme nouvelle; c’est ainsi que l’impérialisme pose la question devant les masses innombrables du prolétariat. L’impérialisme amène la classe ouvrière à la révolution.

La deuxième contradiction est celle qui existe entre les différents groupes financiers et puissances impérialistes dans leur lutte pour les sources de matières premières, pour les territoires d’autrui. L’impérialisme, c’est l’exportation des capitaux vers les sources de matières premières, la lutte forcenée pour la possession monopolisée de ces sources, la lutte pour le repartage du monde déjà partagé, lutte que mènent avec un acharnement particulier les nouveaux groupes financiers et puissances en quête d’«une place au soleil» contre les anciens groupes et puissances, qui se cramponnent à ce qu’ils ont accaparé. Cette lutte forcenée entre les différents groupes de capitalistes a ceci de remarquable qu’elle implique, comme élément inévitable, les guerres impérialistes, les guerres pour la conquête des territoires d’autrui. Cette circonstance, à son tour, a ceci de remarquable qu’elle conduit à l’affaiblissement réciproque des impérialistes, à l’affaiblissement de la position du capitalisme en général, au rapprochement de l’heure de la révolution prolétarienne, à la nécessité pratique de cette révolution.

La troisième contradiction est celle qui existe entre la poignée de nations «civilisées» dominantes et les centaines de millions d’hommes des peuples coloniaux et dépendants du monde. L’impérialisme est l’exploitation la plus impudente et l’oppression la plus inhumaine des centaines de millions d’habitants des immenses colonies et pays dépendants. L’extorsion du surprofit, tel est le but de cette exploitation et de cette oppression. Mais, exploitant ces pays, l’impérialisme est obligé d’y construire des chemins de fer, des fabriques et des usines, des centres d’industrie et de commerce. Apparition d’une classe de prolétaires, formation d’intellectuels indigènes, éveil de la conscience nationale, renforcement du mouvement de libération, tels sont les résultats inévitables de cette «politique». Le renforcement du mouvement révolutionnaire dans toutes les colonies et dans tous les pays dépendants sans exception, en est un témoignage évident. Cette circonstance importe au prolétariat en ce sens qu’elle sape à la base les positions du capitalisme, transformant les colonies et les pays dépendants de réserves de l’impérialisme en réserves de la révolution prolétarienne.

Telles sont, en somme, les principales contradictions de l’impérialisme, qui ont transformé l’ancien capitalisme «florissant», en capitalisme agonisant.

Ainsi, le prolétariat dans la phase impérialiste doit faire face à de nouveaux défis tels que l’inefficacité des anciennes méthodes de lutte, la concentration des monopoles entre de moins en moins de mains, le besoin (impérialiste) d’une nouvelle division du monde, la formation de blocs impérialistes, la luttes entre les puissances impérialistes, la bureaucratisation et la militarisation des États, et les guerres de pillage des ressources naturelles dans les pays sous-développés.

Pour tout cela, le prolétariat doit se doter d’un nouvel instrument: un parti de type nouveau. Dans cette section, nous expliquerons la structure, la fonction et le développement de ce parti de type nouveau, le parti d’avant-garde léniniste. D’autre part, dans une section ultérieure, le problème de savoir si nous sommes actuellement encore dans la phase impérialiste du capitalisme et si ce type d’outil – le parti d’avant-garde – est toujours utile sera abordé. Nous montrerons qu’il en est ainsi.Le vieux parti ouvrier, typique de la IIe Internationale, était un parti électoral de masse; le parti était donc en réalité un appendice de la minorité parlementaire. Ce type de parti, dans la conjoncture actuelle, est totalement incapable de renverser le pouvoir bourgeois, de le détruire et d’en implanter un nouveau sous la forme d’une dictature du prolétariat dans laquelle le travailleur prend le pouvoir sur la bourgeoisie, dans laquelle la majorité est au-dessus de la minorité; Il fallait un parti de type nouveau capable de faire face aux nouvelles conditions pour vaincre la bourgeoisie et instaurer le pouvoir populaire. Le nouveau parti est conçu comme un détachement d’avant-garde de la classe prolétarienne, ce qui signifie que le parti ne sera nourri que par les meilleurs et les plus conscients des éléments de celle-ci et dans lesquels les éléments instables n’auront pas leur place. Ce parti devra se doter d’une théorie révolutionnaire – à notre époque historique, le marxisme-léninisme – sinon, il sera impossible de placer les masses derrière le parti, en lien étroit avec lui. Si le contact avec les masses est perdu, si le parti devient bureaucratique, il perd son rôle d’instrument de la classe prolétarienne et devient un phénomène qui lui est étranger.

Le parti dirige les masses, les organise et les conscientise; Il est le chef politique des classes laborieuses, l’avant-garde, et il n’agit jamais derrière le mouvement de manière opportuniste et par suivisme. Le suivisme et le spontanéisme sont des concepts étrangers au marxisme et à la révolution prolétarienne, car les exercer signifierait être l’arrière-garde des masses et le parti tomberait, dans ce cas, dans un modèle réformiste. La frontière entre les membres du parti et le reste de la classe ouvrière doit être précise, car tout le monde ne peut pas en être membre; seuls les éléments les plus conscients de la classe prolétarienne y seront.

Le parti de type nouveau est un instrument du prolétariat pour exercer la conquête du pouvoir politique, établir la dictature du prolétariat, la maintenir et la développer une fois qu’elle est instaurée. Ce doit être un détachement organisé de la classe ouvrière, incarnant la discipline et l’organisation, et étant ainsi un exemple parmi les masses qui lui donne un crédit politique.

En ce qui concerne sa légalité, à moins que les circonstances n’imposent le contraire, le parti doit être semi-clandestin, c’est-à-dire qu’il doit avoir une partie légale et une partie non légale. Le plus important d’entre eux est l’aspect non-légal, celui qui rendra réellement possible la prise du pouvoir; la partie légale est secondaire et est destinée à renforcer la partie non légale, en sensibilisant les masses et en étant le visage visible dans tous les aspects politiques. Une circonstance telle que la domination ouvertement autoritaire de la bourgeoisie, c’est-à-dire le fascisme, peut contraindre le parti à être, en pratique, entièrement clandestin, même si cela ne se produira que dans des circonstances très défavorables, car vouloir parier sur ce modèle de parti sans obligation réelle de le faire est de tomber dans l’aventurisme de gauche petit-bourgeois, c’est renoncer à travailler dans des organisations de masse, c’est rendre les choses plus faciles pour l’ennemi.

Nous constatons qu’en Europe les marxistes-léninistes ne sont pas encore arrivés à comprendre comme il se doit la nécessité d’organiser l’action du parti dans la clandestinité et la semi-clandestinité. L’action des révisionnistes se fait ici grandement sentir. Bien qu’il ne soit pas question pour les jeunes partis marxistes-léninistes de suivre la voie parlementaire, ceux-ci tendent à mener leur activité sous des formes légales, tout comme le font les partis révisionnistes. En passant dans la semi-clandestinité ou dans la clandestinité complète, ils ont l’impression que leur action devient inefficace. Ils pensent que faire passer dans l’illégalité une partie de leurs adhérents, qui deviendraient le noyau principal de toute leur activité, ne porterait aucun fruit. Ils ne comprennent donc pas l’importance qu’il y a à créer un noyau solide dans des conditions de clandestinité.

A l’époque de l’illégalité de notre Parti, lorsque nous étions poursuivis par les fascistes et les agents des gouvernements quislings, chaque comité de parti sortait son bulletin polycopié, et il nous était alors très difficile de se procurer de ces ronéos qui nous semblent aujourd’hui très courantes. Il nous fallait alors donner l’assaut aux ministères pour nous en procurer, et je dirai même que beaucoup de nos camarades ont été tués au cours des actions que nous organisions pour nous procurer du matériel de cette nature nécessaire à la propagande du Parti.

La juste compréhension et organisation de l’action clandestine et légale du parti, question fondamentale de la révolution, Enver Hoxha.

Conformément à ce qui a été dit précédemment, l’aspect le plus important du parti est la partie clandestine, sur laquelle les principaux efforts doivent être concentrés. Dans les pays européens, bien avant la chute du bloc socialiste, les partis dits communistes sont tombés dans le légalisme bourgeois. Comme l’affirme E. Hoxha, l’État bourgeois vous laissera agir tant que vous ne représenterez pas un danger et dès que vous commencerez à l’être, avec toutes les informations collectées pendant la période d’action légale de votre parti, l’éliminera à travers sa machinerie répressive en une seule nuit si la situation l’exige.

De nombreux groupes communistes honorables, honnêtes et fidèles au marxisme-léninisme, au moment où ils ont rompu avec le révisionnisme, continuent d’agir selon les mêmes paramètres organisationnels que ce révisionnisme dont ils sont issus. Ainsi, il est nécessaire que la rupture avec le révisionnisme soit à la fois organisationnelle et idéologique, car ce n’est qu’ainsi qu’un véritable parti de type nouveau peut se construire. Il ne suffit pas de rompre avec la volonté des révisionnistes de devenir un parti social-démocrate et électoraliste qui concentre toute son activité sur l’obtention des voix au vu des processus électoraux bourgeois, mais il faut rompre avec tous les vices que ceux-ci traînent, à commencer par le juridisme. La réaction n’attend que le bon moment pour achever les révolutionnaires et le fera dès que cela lui conviendra.

L’organisation du travail du parti dans la clandestinité revêt une grande importance et il faut bien se persuader que l’ennemi ne dort pas. Afin de vous identifier et de découvrir de quelles forces vous disposez, il peut vous permettre pendant quelque temps de mener certaines activités, mais il vous guette et, brusquement en une nuit, il vous anéantit.

La juste compréhension et organisation de l’action clandestine et légale du parti, question fondamentale de la révolution, Enver Hoxha.

Cependant, cela ne veut pas dire qu’un parti de type nouveau ne doit pas se présenter, stratégiquement, à un processus électoral, tant qu’il le fait pour renforcer la partie clandestine, sans cacher ses positions par l’électoralisme, comme le font les partis de droitiers, et tant que ce processus sert à obtenir un gain politique et, bien entendu, sans tomber dans la fausse analyse selon laquelle, dans un processus électoral bourgeois, le parti pourra prendre le contrôle de l’État. Se présenter aux élections pour le simple plaisir d’obtenir un score ridicule ne fait que saper le véritable travail révolutionnaire du parti.

Par conséquent, il est vital que tout parti communiste ait une part clandestine, c’est-à-dire que le parti, dans son action dans une démocratie bourgeoise, doit avoir un caractère semi-clandestin pour, d’une part, se renforcer et accumuler des forces pour mener à bien la prise du pouvoir et, d’autre part, ne pas abandonner les liens avec les masses ou leurs actions ou celles de leurs organisations apparentées sur les fronts de masse.

En revanche, si les circonstances l’exigeaient, c’est-à-dire sous une domination autoritaire ouverte de la bourgeoisie (le fascisme), le parti sera contraint d’avoir un caractère totalement clandestin pour empêcher la réaction de le détruire. Cependant, c’est une chose que les circonstances l’exigent et une autre est que la clandestinisation est effectuée pour le plaisir de l’effectuer. Il y a eu des partis se disant communistes qui sont tombés dans l’aventurisme de gauche – totalement étranger au marxisme – de devenir totalement clandestins de leur propre initiative dans une démocratie bourgeoise, ce qui a conduit à leur disparition, car ils ont totalement perdu leur lien avec la classe ouvrière et ont abandonné les fronts de masse à leur sort, les laissants ainsi entre les mains des révisionnistes, ce qui a abouti à de sombres perspectives pour la classe ouvrière.

L’histoire du mouvement ouvrier révolutionnaire enseigne que le passage d’un stade de légalité à un autre de clandestinité du parti prolétarien est difficile et complexe. C’est un test très difficile, dans lequel toutes les faiblesses et défauts de l’organisation sont mis en évidence. Le parti qui n’a pas atteint la solidité et la cohésion nécessaires et qui n’adhère pas aux normes léninistes dans sa vie intérieure est facilement écrasé par l’ennemi de classe.

Léninisme ou Maoisme?, José Sotomayor Pérez.

Le passage de la semi-clandestinité à la clandestinité totale se produit en raison des exigences des circonstances et possède un processus qu’il est possible de réaliser étant donné l’accumulation précédente de forces. Tenter d’entrer dans la clandestinité sans avoir une organisation forte, solide et cohésive rend les choses beaucoup plus faciles pour la réaction, car cela ouvre la voie à la destruction totale du parti.

Le modèle organisationnel : Le Centralisme Démocratique

La méthode d’organisation d’un parti de type nouveau est le centralisme démocratique, dont nous pourrions résumer les principes dans les points suivants :

  • Organisation verticale entre les organes du parti

Le comité central (CC) est l’organe directeur le plus élevé du parti lorsque le congrès n’a pas lieu. Lui et son principal représentant, le secrétaire général, sont tous deux démocratiquement élus tous les X ans dans un congrès, qui est le plus grand représentant de la démocratie interne au sein du Parti. Le CC, celui-ci est élu par les militants, et le secrétaire général sortira de cette direction. Les délégués, au congrès, participent à l’élaboration de la ligne politique à développer par le parti.

Comme l’affirme Lénine dans Lettre à un camarade, le reste des organes territoriaux et sectoriels intermédiaires entre l’organe central et les cellules de base s’étendent au-dessous du CC. La communication entre les différents militants, cellules et organes se fait verticalement: elle va de bas en haut et de haut en bas, ce qui signifie que dans les processus de prise de décision et de débat en cours, l’information monte et, une fois que quelque chose a été décidé à ce sujet, la décision descend. À partir de ce moment, ce qui a été décidé sera obligatoire pour tous les membres du parti au nom des principes de discipline consciente et de soumission de la minorité à la majorité. Il faut faire particulièrement attention à ce que le parti ne se bureaucratise pas – à ce que l’information passe de haut en bas sans plus, comme cela se produit dans les partis révisionnistes d’État -. De cette manière, le centralisme aurait lieu, mais un centralisme bureaucratique et non démocratique. Lorsque l’information descend directement, cela est dû à des questions pratiques ou urgentes et toujours en fonction de ce qui a été décidé au congrès, donc en réalité, cela est déjà passé de bas en haut auparavant. Il est nécessaire de maintenir ce modèle d’organisation pour que le parti ne devienne pas bureaucratique et, avec cela, cesse d’être un instrument valable pour la classe ouvrière.

  • Soumission de la minorité à la majorité

Après le processus de débat, une fois que les questions sont passées de bas en haut et qu’une décision a déjà été prise sur la question, lorsqu’elles passent à la phase d’application – elles vont de haut en bas – elles sont obligatoires, car que tout le parti dans son ensemble – la majorité – a décidé d’agir d’une certaine manière et, même si un militant n’est pas d’accord avec lui – la minorité – il doit se soumettre à ce qui a été décidé. Cela ne veut pas dire que par la suite, un tel débat pourrait être soulevé à nouveau dans les organes correspondants et que dans cette situation future ce militant gagnerait le débat, ce qui signifierait que le parti rectifierait la ligne prise jusqu’à ce moment.

  • Discipline consciente

La discipline, c’est-à-dire l’acceptation des principes du centralisme démocratique et de ce qu’ils impliquent, signifie que, dans certaines situations, un militant doit accepter des questions avec lesquelles il peut a priori ne pas être d’accord – la subordination de la minorité à la majorité. ; Mais cette discipline n’est pas aveugle, elle doit être consciente, ce qui implique que le militant sait pourquoi une chose ou une autre a été décidée; cela ne devrait jamais être un simple soutien aveugle.

Pour cela, et dans de telles circonstances, il faut que les décisions adoptées soient bien justifiées, surtout lorsqu’elles descendent directement – suivant la ligne du parti adopté en congrès, comme cela a déjà été souligné -. Dans le cas où une certaine proposition faite par un camarade ou une cellule est rejetée par les comités intermédiaires ou par le CC, ce refus doit être accompagné, de la même manière, de la justification correspondante.

  • Interdiction des fractions

La communication horizontale est interdite, car elle viole la démocratie interne et la cohésion du parti. Avec cet exercice, les principes du centralisme démocratique sont violés et la création de factions avec leurs organes centraux parallèles correspondants est favorisée, ce qui signifie qu’il n’y a pas d’organisme unitaire central et que l’unité du parti est détruite.

L’existence de factions entraîne la destruction à long terme de l’unité du parti.

  • Le parti avance en s’épurant

Si l’on compte dans ses rangs des réformistes, des menchéviks, dit Lénine, on ne saurait faire triompher la révolution prolétarienne, on ne saurait la sauvegarder. C’est un principe évident. L’expérience de la Russie et de la Hongrie l’a confirmé nettement… En Russie, maintes fois se sont présentées des situations difficiles dans lesquelles le régime soviétique eût certainement été renversé, si les menchéviks, les réformistes, les démocrates petits-bourgeois étaient demeurés dans notre Parti… en Italie où, de l’avis général, on s’achemine vers des batailles décisives du prolétariat contre la bourgeoisie, pour la conquête du pouvoir d’Etat. En un pareil moment, il n’est pas seulement d’une nécessité absolue d’exclure du Parti les menchéviks, lesréformistes, les turatistes, il peut même être utile d’exclure d’excellents communistes, susceptibles d’hésiter et hésitant dans le sens de l’«unité» avec les réformistes, de les écarter de tous les postes importants… A la veille de la révolution et dans les moments de la lutte la plus acharnée pour sa victoire, les moindres hésitations ausein du Parti peuvent tout perdre, faire échouer la révolution, arracher le pouvoir des mains du prolétariat, ce pouvoir n’étant pas encore solide, les attaques qu’il subit étant encore trop fortes. Si, dans un tel moment, les chefs hésitants se retirent, cela n’affaiblit pas, mais renforce et le Parti, et le mouvement ouvrier, et la révolution.

Des Principes du Léninisme,  J.V. Staline.

Les communistes ne doivent pas hésiter à purger les révisionnistes et opportunistes de nos rangs, car il est impossible de vaincre les infiltrés de la bourgeoisie uniquement par la théorie: nous devons les démanteler par la lutte idéologique et les purger, les expulser de nos rangs comme les ennemis de classe qu’ils sont. Les garder dans le parti au fil du temps conduit à ce qui s’est passé en Chine – en raison des erreurs philosophiques et pratiques de Mao – avec le parti et la révolution. Le parti ne pourra affronter de futures batailles que si l’unité de volonté et d’action n’est pas rompue par ces agents déstabilisateurs; si la cohésion et la discipline de fer sont totales. Nous ne pouvons y parvenir que d’une seule manière: en éliminant les éléments opportunistes.

  • Critique et autocritique

L’exercice de la critique et de l’autocritique est l’un des principaux outils que le parti doit avoir afin de se développer à travers l’analyse de ses erreurs, leur apprentissage et leur dépassement. La critique et l’autocritique sont nécessaires pour renforcer le parti, pour stimuler sa fonction et son activité autour de la ligne marxiste-léniniste. Celles-ci doivent être menées à la fois au niveau de la base et dans les organes directeurs du parti. Les vrais communistes ne doivent pas avoir peur de reconnaître leurs erreurs et doivent avoir le courage de faire des critiques quel que soit le public. La garantie du développement du parti communiste est la lutte continue et persévérante contre les erreurs et les carences dans le travail de l’organisation et cela n’est possible que par un exercice correct de critique et d’autocritique.

Le parti de type nouveau : toujours nécessaire?

Depuis quelque temps déjà, et profitant de la montée des mobilisations sociales due à l’aggravation de la crise, certains «intellectuels» nous bombardent de vieilles théories, avec de nouveaux noms, au sujet du marxisme-léninisme, de notre conception du parti et même au sujet de notre vision de la classe ouvrière en tant que sujet révolutionnaire. Ces individus nous expliquent que tout cela appartiendrait au passé, ne serait plus qu’un souvenir dans l’histoire. Plus tard, nous approfondirons cette question, bien que leur principal argument ne soit autre qu’avec mondialisation, le monde moderne aurait changé; En d’autres termes, nous ne vivrions plus dans la phase impérialiste du capitalisme, par conséquent, le parti de type nouveau et le marxisme-léninisme ne serviraient plus et nous devrions trouver d’autres moyens de nous organiser. Certains nient même l’existence même de la classe ouvrière: ils parlent de «l’empire et les masses» – comme Toni Negri – et même du précariat comme une «classe» dépassant la classe ouvrière, qui, selon eux, est pratiquement inexistante.

Nous, communistes, affirmons que toutes ces théories libérales et absurdes ne sont pas nouvelles, puisque Lénine a déjà démonté la théorie de Kautsky de «l’ultra-impérialisme», le grand prédécesseur de toutes les théories postmodernes bourgeoises auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui. Leurs défenseurs affirment que le marxisme est dépassé, mais leurs théories idéalistes sont basées sur des idées déjà réfutées scientifiquement par le marxisme il y a cent ans! D’un autre côté, ce qu’ils appellent la «mondialisation» et la «nouvelle crise capitaliste» n’est rien de plus que ce que Lénine a appelé l’impérialisme, la dernière phase mourante du capitalisme.

Actuellement, nous assistons à l’approfondissement de la crise impérialiste: nous vivons à l’ère des guerres rapaces pour piller les ressources naturelles, pour une nouvelle division du monde entre les puissances impérialistes; l’époque des contradictions croissantes entre les blocs impérialistes eux-mêmes, la concentration des monopoles entre de moins en moins de mains et la domination absolue du capital financier. Cet ensemble de facteurs qui se produisent dans notre réalité actuelle n’est rien de plus que l’exacerbation de l’impérialisme en tant que dernière phase du capitalisme. Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère de révolutions prolétariennes.

Il est vrai que tout change constamment, que la communication entre les gens est plus facile maintenant qu’il y a un siècle, que la science a progressé. Les postmodernes parlent souvent du monde globalisé basé principalement sur l’existence d’Internet et des téléphones portables, que «tout est connecté», comme si tout un système de production n’était déterminé que par ce facteur. La dialectique affirme que tout a été connecté bien avant l’apparition d’Internet et que le mode de production capitaliste est resté le même. Indépendamment du fait que l’État en tant que tel ait pu subir des modifications, il continue d’être l’élément principal de la prise du pouvoir par la classe ouvrière; Indépendamment du rôle globalisateur de la société, l’État continue d’être l’instrument que le prolétariat doit conquérir pour établir sa dictature. Se référant à la classe ouvrière, la déclaration «Un État, un parti» est toujours valable.

Il est vrai que l’exacerbation de l’impérialisme – «mondialisation», diraient les postmodernistes – oblige les partis communistes à mieux se coordonner, mais n’est-ce pas précisément ce besoin qui a motivé la fondation de la Troisième Internationale? Notre besoin, bien qu’accentué, n’est-il pas le même, celui de coordonner les partis communistes et agir comme un poing partout dans le monde pour défendre les intérêts de notre classe – qui est internationale – et pour lutter pour la révolution socialiste dans le monde? La révolution socialiste reste-t-elle éternelle et stagnante dans un État lorsqu’elle se produit, ou au contraire, lorsqu’elle en a les capacités, essaie-t-elle de se répandre dans le monde comme l’a fait l’URSS? Aujourd’hui, un nouveau Komintern est nécessaire, mais ce n’est pas une nécessité nouvelle issue de la «mondialisation», puisque nous en avons besoin depuis 1956.

Ainsi, la classe ouvrière reste le sujet révolutionnaire. Ceux qui soutiennent qu’elle a perdu un tel rôle ne comprennent même pas ce que c’est d’être membre de cette classe, car ils croient qu’en faire partie signifie travailler dans une usine quatorze heures par jour ou être mineur. Et comment ces activités disparaissent en Espagne, cela leur sert à affirmer qu’il n’y a plus de classe ouvrière. L’appartenance à la classe ouvrière est déterminée par la position de l’individu vis-à-vis de la possession des moyens de production – savoir s’il contrôle ou non les moyens de production – donc, en prenant cela en compte, on observe que la situation est la même qu’il y a quelques années, puisque la position de la classe ouvrière est la même et que son émancipation en tant que telle ne sera provoquée que par une révolution socialiste. La classe ouvrière est la productrice de richesse et continue d’être opprimée par la bourgeoisie, il est donc historiquement inévitable qu’elle s’émancipe et en vienne à dominer la superstructure du pouvoir, puisqu’elle continue d’être la classe révolutionnaire et transformatrice.

Enfin, en ce qui concerne la validité du marxisme-léninisme, beaucoup disent que c’est quelque chose de dépassé, d’une autre phase historique, mais la question est de savoir comment le marxisme-léninisme a évolué, à partir de quelles idées et comment ils montrent que nous sommes dans une nouvelle phase pour affirmer que le marxisme-léninisme est d’un précédent. Il est donc étrange qu’il y ait des gens qui affirment que le marxisme-léninisme est quelque chose de dépassé et de désuet. Ces gens disent pour beaucoup qu’il faut revenir au Marx originel, c’est-à-dire au marxisme de l’étape pré-monopoliste sans tenir compte du fait que cette phase a changé vers une nouvelle – la phase impérialiste du capitalisme – alors ils disent que le marxisme-léninisme, qui est le marxisme de l’époque de l’impérialisme, est dépassé et qu’il faut le remplacer par un marxisme qui lui par contre est dépassé et qui correspond à une phase historique antérieure, c’est pour le moins incohérent.

En raison de cette dernière question, tout ce que nous avons affirmé est soumis au fait qu’en effet, nous sommes encore dans la phase impérialiste du capitalisme. Ainsi, nous continuerons à définir l’impérialisme en tant que phase historique afin de pouvoir analyser la cause de notre poursuite dans cette phase. Lénine le définit ainsi:

Mais les définitions trop courtes, bien que commodes parce que résumant l’essentiel, sont cependant insuffisantes, si l’on veut en dégager des traits fort importants de ce phénomène que nous voulons définir. Aussi, sans oublier ce qu’il y a de conventionnel et de relatif dans toutes les définitions en général, qui ne peuvent jamais embrasser les liens multiples d’un phénomène dans l’intégralité de son développement, devons-nous donner de l’impérialisme une définition englobant les cinq caractères fondamentaux suivants. : 1. Concentration de la production et du capital parvenue à un degré de développement si élevé qu’elle a créé les monopoles, dont le rôle est décisif dans la vie économique; 2. Fusion du capital bancaire et du capital industriel, et création, sur la base de ce « capital financier », d’une oligarchie financière; 3. L’exportation des capitaux, à la différence de l’exportation des marchandises, prend une importance toute particulière; 4. Formation d’unions internationales monopolistes de capitalistes se partageant le monde, 5. Fin du partage territorial du globe entre les plus grandes puissances capitalistes. L’impérialisme est le capitalisme arrivé à un stade de développement où s’est affirmée la domination des monopoles et du capital financier, où l’exportation des capitaux a acquis une importance de premier plan, où le partage du monde a commencé entre les trusts internationaux et où s’est achevé le partage de tout le territoire du globe entre les plus grands pays capitalistes.

L’Impérialisme, stade suprême du Capitalisme, V. I. Lénine.

Plus tard, nous compléterons et développerons cette définition, grâce à laquelle nous pouvons affirmer que l’une des principales caractéristiques de l’impérialisme en tant que phase la plus élevée du capitalisme est la concentration du pouvoir économique entre de moins en moins de mains. La libre concurrence n’existe plus comme avant, elle a été limitée par les intérêts du capital financier qui contrôlent les monopoles et qui augmentent progressivement.

Les périodes de crise favorisent en outre l’émergence et le renforcement des monopoles. Nous en avons un exemple très clair dans l’Espagne d’aujourd’hui, où de grands groupes financiers, tels que Grupo Santander, ont absorbé une multitude de petites banques telles que Banesto, Banco Urquijo ou la banque anglaise Abbey, et continuent à réaliser des bénéfices millionnaires même dans les temps de crise actuels avec la capacité de sauver ou de couler des entreprises, comme c’est le cas de Nueva Rumasa, dont la société a retiré du crédit, les ruinant à court terme. Le capital financier est ce qui contrôle l’économie et la politique en Espagne.

Une autre des caractéristiques est la concentration de la production: les banques fusionnent avec le capital industriel et le dominent, non seulement par les prêts qu’elles lui accordent et qui lui permettent de fonctionner, mais aussi parce qu’elles participent dans l’industrie elle-même et sont, à leur tour et dans de nombreux cas, propriétaires ou copropriétaires de ces mêmes  industries.

La transformation des banques, qui passent de simples intermédiaires à se concentrer dans de moins en moins de mains et à devenir des monopoles omnipotents qui, à leur tour, en viennent à disposer de presque tout le capital monétaire des capitalistes, est l’un des processus fondamentaux du passage capitalisme pré-monopole au capitalisme impérialiste. La banque Santander est, en Espagne, le meilleur exemple d’un tel processus, de la manière dont le capital financier devient dominant.

Cette union entre capital bancaire et capital industriel se complète par le lien avec le secteur politique. Les postes de direction du gouvernement sont occupés par des représentants du système bancaire et, à leur tour, de nombreux conseils d’administration de grandes entreprises industrielles sont dominés par des représentants du capital financier. De nombreux politiciens, «en rémunération de leurs services», continuent à occuper des postes pertinents tant dans les conseils d’administration que dans les banques elles-mêmes lorsqu’ils se retirent de la vie politique. En Espagne, pour n’en nommer que quelques-uns on peut évoquer l’ancien président du gouvernement Aznar qui a été conseiller d’Endesa – il a fait des «mérites» en privatisant l’énergie – Eduardo Zaplana qui était ministre et plus tard directeur de Telefónica, et Rodrigo Rato, ancien vice-président du gouvernement, qui était également président du FMI et de Bankia.

Dans les États impérialistes, un processus de concentration des monopoles, une bureaucratisation et une militarisation au sein même de l’État s’est produit en même temps. Nous développerons cette question plus tard.

Un autre aspect à prendre en compte à propos de l’impérialisme est celui des associations capitalistes internationales, qui sont celles qui dirigent réellement le monde. Le FMI en est un exemple et son ingérence dans l’économie espagnole qui a conduit à un sauvetage financier et à l’imposition de coupes budgétaires sévères à la classe ouvrière du pays, tandis que les grands monopoles continuent de faire des profits de milliards de dollars. Ainsi, ce n’est pas le gouvernement qui fixe les orientations de l’action politique, mais le FMI et le Conseil de l’Union européenne.

Enfin, il faut mentionner qu’il n’y a plus de territoires vierges, sans propriétaire: le monde est déjà partagé entre les puissances impérialistes et, avec elles, ses ressources naturelles. En plus des pays impérialistes, il y a les pays qui sont des colonies de ces derniers et les pays dépendants, qui semblent avoir une indépendance politique, mais qui, en raison des réseaux de dépendance financière et diplomatique, sont subordonnés au pays impérialiste qui dirige ces réseaux.

Divers points se dégagent de ce qui précède. Le premier, les guerres de pillage, qui visent à modifier la répartition des richesses sur un territoire donné. Ce sont des guerres menées dans le but d’exproprier les richesses – des ressources naturelles – d’autres pays. Comme exemple actuel, nous pouvons citer les guerres en Irak, en Afghanistan, en Libye, etc., dans lesquelles les invasions, les guerres, se sont produites dans le but de redistribuer les richesses naturelles de ces pays et les trois ont été menées avec le participation de l’impérialisme espagnol.

Par ailleurs, ce besoin d’une nouvelle division, ces guerres de pillage, de brigandage, entraînent la confrontation d’intérêts entre les puissances impérialistes, qui finissent par se regrouper en blocs impérialistes qui se font concurrence pour le contrôle du monde et de ses ressources. Nous sommes dans la période des guerres civiles, des guerres mondiales et, enfin, des révolutions prolétariennes. Depuis la disparition de l’URSS, trois blocs impérialistes se sont formés et rivalisent: le nord-américain, l’européen – dans lequel se trouve l’Espagne, État impérialiste – et le sino-russe. À de nombreuses reprises, l’Amérique du Nord et l’Europe coïncident, puisqu’elles partagent des intérêts; Mais la guerre en Irak a montré que, depuis des années, un tel binôme n’existe pas et que l’impérialisme européen a ses propres intérêts. L’invasion de l’Irak, à laquelle la France s’est opposée, en est un bon exemple.

Certaines organisations communistes affirment que l’Espagne est un pays dépendant des États-Unis, une analyse erronée et dépassée, car c’est un pays impérialiste. Les entreprises espagnoles, les grands monopoles, agissent partout dans le monde en absorbant des capitaux et dominent les marchés, des intérêts soutenus par l’État et par le bloc impérialiste européen. C’est un État qui participe militairement aux invasions et aux occupations militaires afin de piller des ressources – comme c’est le cas de l’Afghanistan ou de la Libye – et qui conserve des territoires coloniaux comme Ceuta et Melilla. A noter également la question de la Guinée, qui est dans une relation de dépendance économique depuis l’époque coloniale. Compte tenu de ces facteurs, nous ne pouvons qu’affirmer que l’Espagne n’est pas un pays dépendant, mais un État impérialiste qui fait partie d’un bloc impérialiste.

En analysant l’argumentaire précédent, nous pouvons seulement arriver à la conclusion que le temps dans lequel nous vivons continue d’être la phase impérialiste du capitalisme, que nous sommes au seuil – en terme des conditions objectives – d’une autre étape des révolutions prolétariennes, que la mondialisation n’est pas plus que l’aiguisage de l’impérialisme, que le parti de type nouveau et le marxisme-léninisme sont toujours d’actualité et qu’il d’agit des armes dont le prolétariat a besoin pour la conquête du socialisme. En conclusion, depuis l’époque de Lénine, il n’y a eu aucun changement significatif affectant les lois objectives et fondamentales de l’impérialisme, de sorte que la théorie léniniste de l’impérialisme reste en vigueur.

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