DOSSIER : Les problèmes de l’autodéfense

(Dans un contexte de fascisation continu, le Centre Maïakovski trouve pertinent de publier un certain nombre d’articles des Cahiers du Bolchévisme traitant de la question de l’autodéfense et des débats que ce thème occasionnait au sein du PCF lors des années 30)

Nécessité d’une organisation d’autodéfense – Claude Darbori, Juin 1933

Au cours des mois à venir, les combats entre le prolétariat et la bourgeoisie vont prendre une forme de plus en plus violente. Or, le prolétariat français a-t-il une organisation de lutte pour protéger et imposer les manifestations, pour les grèves, pour la lutte contre les fascistes (J.P., camelots du roi, etc. ?). Il faut dire que cette organisation n’a jamais existé, même sur le papier. On s’est contenté de rédiger des appels enflammés. On n’a jamais essayé d’aller plus loin.

Les travailleurs veulent se battre

Pourtant, il est évident que dans la masse, dans la masse active du moins, il y a une grande volonté de lutte. Les travailleurs en ont assez de se laisser matraquer à la sortie des réunions; ils en ont assez de se laisser arrêter comme des lapins à la sortie des métros les jours de manifestation; ils en ont assez de se laisser provoquer, le dimanche matin, par les Jeunesses Patriotes et les Camelots du roi qui vendent leurs journaux. Il y a des réactions. Le 11 novembre 1932, à Vincennes, les agents qui provoquent les ouvriers se font lapider; quelques jours après, les fascistes sont chassés du 18 par les socialistes et les communistes réunis. La lutte contre les provocations policières le 1er mai à Paris, le 2 mai contre la police et les fascistes à Lille, montre ce nouvel état d’esprit des masses. Dans les grèves, des piquets s’organisent pour la chasse aux jaunes. Mais ce ne sont là que des efforts isolés.

Nos fautes

Au lendemain des matraquages de Bullier en septembre 1932, l’Humanité entama une campagne excellente contre les flics, mais les travailleurs furent déçus par l’étroitesse de l’objectif qu’on donnait à cette campagne: indemnisation aux victimes. Cet objectif aurait été juste, aurait abouti, si on lui avait adjoint un second objectif beaucoup plus important: constitution d’une vaste organisation d’autodéfense.

De plus, dans chaque bagarre, les responsables n’interviennent pas, ne donnent aucun mot d’ordre. On a l’impression qu’ils voudraient bien que les ouvriers résistent, mais qu’ils n’osent pas le dire pour ne pas prendre de responsabilités. Cela sème l’indécision. On voit des copains qui se battent, d’autres qui fuient, d’autres qui crient de loin, et l’indécision est portée à son comble quand un orateur improvisé veut entrainer la foule, et que quelqu’un crie — cela se produit régulièrement — : « Attention aux provocateurs, camarades. »

Il faut à chaque réunion, à chaque grève, à chaque manifestation, à chaque vente de journaux dans la rue, des groupes très larges d’autodéfense encadrant les travailleurs; des groupes avec un responsable, de façon à ce qu’il n’y ait aucun flottement. Il faut une organisation nationale d’autodéfense.

Organisation et fonctionnement

A mon avis, l’autodéfense doit être organisée sur la base locale. Dans chaque quartier, arrondissement ou localité existerait une centurie groupant autant de groupes de 10 camarades qu’on pourrait en former. Cette centurie aurait un bureau (un chef, un secrétaire, un trésorier). Chaque groupe de 10 hommes aurait également un chef responsable. Les membres seraient réunis par groupes de 10 suivant leurs heures de liberté. À chaque centurie auraient lieu, tous les soirs, des réunions de culture physique (boxe, jiu-jitsu, lutte, canne); chaque membre devra assister à ces réunions du moins une fois par semaine et devra, de plus, s’engager à s’astreindre à des exercices quotidiens de gymnastique suédoise qui lui seront indiqués. (On pourrait adopter, par exemple, le système Muller.)

Pour toute l’organisation, il y aurait un chef choisi parmi les militants révolutionnaires les plus populaires et dirigeant lui-même, surtout à Paris, les grandes manifestations.

Sur la façon dont seraient utilisés les groupes d’autodéfense, je propose ceci :

D’abord, dans chaque quartier, chaque centurie fournira le plus de copains possible pour la vente à la criée de la presse révolutionnaire, le samedi soir et le dimanche matin. Un roulement serait établi de façon à ce que tous les copains viennent, à tour de rôle, protéger nos vendeurs.

Pour les réunions: chaque centurie, étant responsable d’un territoire qui lui sera assigné, devra assurer le service d’ordre dans les réunions ayant lieu sur ce territoire. Pour cela, chaque fois qu’une organisation prépare une réunion ou une contradiction, elle devra alerter le chef de la centurie qui fera le nécessaire pour écrire aux chefs de groupes de 10. Suivant le besoin, chaque chef convoquera sur son groupe, et en tenant compte d’un roulement, 5 ou 7, ou la totalité des membres.

Pour les réunions centrales (Bullier par exemple), seront alertés: a) la totalité des groupes locaux (5. 13 et 14″); b) suivant l’affluence prévue, un pourcentage plus ou moins important des groupes de banlieue. Aux réunions de Bullier, le service d’ordre a toujours été au-dessous de tout. On devrait établir, à chaque réunion, une file de camarades tout le long de la rue Denfert-Rochereau, de façon à encadrer les camarades qui attendent. Dans le fond de la salle, des copains à brassard rouge devraient également être en grand nombre, imposer le silence, interdire les colloques et la vente des journaux pendant les discours. Ils seraient également chargés d’expulser les saboteurs, fermement, mais SANS VIOLENCES.

Pour les manifestations, le quartier où se déroulerait une manifestation serait d’abord occupé par les groupes locaux dans leur totalité. Les autres groupes viendraient un peu avant la manifestation, à pied (c’est-à-dire qu’ils débarqueraient du métro ou de l’autobus à une distance suffisante). Ils se concentreraient en même temps que les groupes locaux, à l’heure précise où la manifestation aurait été annoncée, entrainant des travailleurs avec eux. Des drapeaux rouges seraient déployés pour faciliter la concentration. Cela, évidemment, suppose: 1° une connaissance exacte du quartier par les groupes locaux, d’où nécessité, pour chaque centurie, d’étudier à l’aide d’un plan les points stratégiques et toute la topographie du quartier; 2° une heure très exacte fixée à tous les groupes, de façon qu’ils arrivent par petits paquets, mais en même temps; 3° arrivée par différentes directions, chaque groupe connaissant l’endroit précis de la concentration et protéger ainsi les manifestants.

D’autres cas restent à envisager: discours ou distribution de tracts à la sortie des usines, piquets de grève. À ce sujet, je crois que l’autodéfense devra être envisagée de l’intérieur et de l’extérieur. D’où nécessité de groupes d’autodéfense à l’intérieur de chaque usine, avec un chef. Dans ces groupes seraient réunis tous les membres de l’organisation d’autodéfense. Ils n’auraient à agir, en tant que groupe d’autodéfense d’entreprise, qu’à l’intérieur de l’entreprise. Leur chef les avertirait d’une action envisagée. Ils agiraient aussi spontanément en cas d’un incident quelconque au cours du travail. Mais il est entendu qu’ils appartiendraient à la centurie de leur quartier d’habitation et que, pour tout travail en dehors de l’entreprise, chacun dépendra du groupe de sa centurie. Remarquons d’ailleurs que pour certaines grandes usines, les groupes d’entreprise et de quartier pourraient correspondre.

On peut enfin prévoir la centralisation des groupes d’entreprise par sections syndicales; elles interviendraient en cas d’une large action syndicale. Enfin, je propose comme nom à l’organisation: Front rouge antifasciste; comme insigne, un poing fermé. D’après moi, les cotisations devraient être volontaires. Les frais seraient couverts, le cas échéant, par des souscriptions, des fêtes artistiques, des séances de ciné, etc.

Une large discussion devrait être ouverte dans les Cahiers, parallèlement avec une campagne de presse menée par tous les organes révolutionnaires: l’Humanité, les journaux régionaux, l’Avant-Garde, la Défense, la Vie ouvrière, Regards, etc.

Pour les milices antifascistes – Stéphane, Juin 1933

L’arrivée au pouvoir de Hitler, ainsi que les menées fascistes en France (la propagande accrue des milices national-socialistes de Hervé, de l’Action Française, des Jeunesses Patriotes, les discours de Tardieu, campagnes du Parti agraire et de la Ligue des contribuables) ont provoqué une grande effervescence parmi les ouvriers communistes, sympathisants et socialistes.

Le Parti doit utiliser cette effervescence pour la canaliser et diriger vers une lutte antifasciste active et efficace.

Déjà le Parti mène une grande campagne de propagande et d’agitation antifasciste. Les initiatives se multiplient. Les ouvriers chassent de leurs quartiers les vendeurs de la presse fasciste; les travailleurs socialistes et communistes vont dans les réunions fascistes et empêchent les gens de Hervé et de Taittinger de faire leur propagande. Les orateurs communistes vont porter la contradiction dans les meetings organisés par les agrariens et la Ligue des contribuables. Le Parti dispute aux fascistes la direction du mouvement de masse des paysans et des petits commerçants

Le Parti doit donner des formes d’organisation à cette lutte antifasciste. Je crois qu’il faut suivre l’exemple de nos camarades Espagnols et commencer l’organisation d’une milice antifasciste de masse.

Je crois que les mots d’ordre: « organisez-vous dans la milice antifasciste », « formez vos groupes d’autodéfense antifasciste de masse » seraient actuellement très populaires et suivis par les grandes masses de travailleurs communistes et socialistes.

Pour la formation pratique de cette milice antifasciste on peut utiliser tous les faits de la terreur fasciste ou policière, ainsi que de la propagande fasciste.

Il faut former des groupes de défense de vendeurs de notre presse. On peut y entraîner facilement les travailleurs socialistes à condition qu’on défende également les vendeurs du Populaire.

Chaque réunion fasciste doit être pour nous l’occasion de former un détachement de la milice antifasciste.

Dans les grèves, il faut utiliser les attaques de la police, les arrestations, etc., pour former un groupe d’autodéfense des grévistes, où peuvent adhérer également les chômeurs. Le groupe d’autodéfense peut et doit subsister après la fin de la grève en adhérant à la milice antifasciste. On peut former aussi des noyaux organisés et disciplinés, des piquets de grève de masse.

Les chômeurs doivent former des groupes pour la défense de leurs manifestations, ainsi que pour la défense des copains menacés par l’expulsion et la saisie.

Les groupes du service d’ordre dans nos meetings et manifestations doivent devenir des organisations permanentes, ce qui n’exclut pas la participation des travailleurs inorganisés dans ces groupes. Ainsi organisée, la milice antifasciste composée de détachements proprement dits de la milice, des groupes d’autodéfense des ouvriers dans les usines et dans les quartiers populaires, des groupes de défense des chômeurs, des groupes permanents du service d’ordre pour les meetings et manifestations ouvrières, des clubs de la F.S.T., peut devenir une véritable organisation de masse groupant des milliers d’ouvriers de différentes tendances, qui saura non seulement défendre les ouvriers contre les agressions fascistes et policières, mais aussi les mener à la contre-offensive contre le fascisme.

D’une manière générale, on peut dire que là-bas où les fascistes n’ont pas d’influence dans les masses, la milice pourra empêcher par la force toute action fasciste; par contre là-bas où les fascistes ont une influence elle devra assurer la sécurité de la propagande antifasciste.

On pourra diriger l’action de la milice antifasciste contre les provocateurs russes blancs. Bien sûr il faudra veiller que cette milice antifasciste ne dégénère pas en une organisation étroite et terroriste. Sa tâche sera surtout d’organiser la lutte de masse contre le fascisme. Elle devra lutter contre le fascisme non pas seule et isolée, mais en liaison étroite avec les masses.

…Le système du travail salarié est… bien un système d’esclavage et, en vérité, un esclavage d’autant plus dur que se développent les forces sociales productives du travail, quel que soit le salaire, bon ou mauvais, que reçoive l’ouvrier.

MARX, Critique du programme de Gotha.

Sur l’autodéfense prolétarienne – Gaston Mornet, Février 1934

Une des questions que notre parti doit étudier d’une façon particulière est la question de l’autodéfense prolétarienne. Plusieurs articles ont paru dans les Cahiers du bolchévisme sur cette question ; nous voulons aujourd’hui apporter notre point de vue.

Ce qui a été fait

Quand nous voulons analyser l’expérience que nous avons déjà du mouvement des groupes d’autodéfense, nous devons revoir comme la plus ancienne, l’organisation de l’Association républicaine des anciens combattants, qui avait formé une organisation nommée « Groupes de défense antifascistes » pour les adultes, et « Jeunes gardes antifascistes » pour les jeunes. Les G.D.A. Et les J.G.A. Étaient organisés avec habits, par sections, compagnies, etc. Ils avaient comme base la lutte contre le fascisme et l’organisation du service d’ordre des réunions.

Tout a été bien jusqu’à l’arrestation de plus de 100 camarades du service d’ordre, habillés en G.D.A., au Cirque de Paris. Ce fut le commencement de la liquidation de cette organisation. La faute de ce mouvement c’est que celui-ci n’était aucunement lié aux masses des ouvriers et des paysans et lorsque la police a jugé le moment opportun pour le liquider, il a disparu sans que les masses ne réagissent. Le but du mouvement, qui était l’encadrement des masses et leur protection contre les coups de la police et des fascistes, ne fut pas réalisé.

Après ces fautes reconnues un peu plus tard, quels ont été les mots d’ordre lancés qui devaient tenir compte de l’expérience du passé ? Nous voyons à nouveau surgir la question de « comment effectuer l’encadrement des manifestations et meetings ? » et l’on a posé (pour changer avec les GDA. !!!) que la nouvelle organisation doit rassembler sous une impulsion et sous une démonstration générale au sous un patronage unique une organisation par exemple le « Front rouge ».

C’est, avec une autre phraséologie, retourner aux erreurs commises avec les G.D.A.

Comment se pose la question ?

Nous prendrons l’article du camarade Darbori, qui reflète l’opinion générale.

Cet article contient beaucoup de choses justes, mais sur l’organisation et le fonctionnement de l’autodéfense la partie exige des réserves les plus expresses.

Le camarade écrit : « Il faut des groupes d’autodéfense très larges, encadrant les travailleurs. » C’est la même formule que nous retrouvons dans les brochures déjà vieilles concernant « les problèmes de l’auto­défense ». On doit pouvoir compter sur les membres du Parti comme forces principales d’encadrement des ouvriers, c’est là le pivot de la question. Darbori conclut : « Je propose une organisation comme nom « Front rouge antifasciste », comme insigne : un poing fermé. » Complétons la pensée de Darbori en indiquant à sa place : « Tenue spéciale comme les GDA. » Or, c’est retomber en plein dans les erreurs du passé, c’est recommencer le travail sectaire, sans liaison avec les masses, du temps de 1928.

Nous devons rompre avec ces tendances et bien comprendre qu’une organisation ne peut avec les moyens physiques et d’éducation protéger les travailleurs en les encadrant. Pas d’encadrement, pas de préservation par des cadres spéciaux, contre le fascisme et la police, mais l’organisation, par notre parti, de la lutte des masses prolétariennes contre le fascisme et la police.

En U.R.S.S., avant la révolution, chaque petit fait était utilisé pour entraîner les masses contre les organisations de soutien de la bourgeoisie. Bien entendu ce n’est pas du jour au lendemain qu’il est possible à la classe ouvrière d’être victorieuse dans la lutte contre la bourgeoisie. Il est nécessaire de passer par des combats âpres et durs, par des victoires et défaites, mais c’est en passant par ces formes de lutte que le prolétariat apprendra à gagner la victoire. C’est en commençant par défendre les vendeurs de la presse révolutionnaire, les distributeurs de tracts, les orateurs devant les portes des usines, etc., que nous arriverons à préparer les ouvriers aux événements qui demanderont plus de courage révolutionnaire. Notre parti est le guide et l’avant­-garde du prolétariat et son devoir dans le domaine de l’auto­défense prolétarienne sera de guider et d’indiquer le chemin à la classe ouvrière.

Pour cette lutte, beaucoup de camarades indiquent : « il faut former une organisation ». Par exemple, un camarade, dans un rapport fait pour le Bureau politique du Parti indique, en parlant de la grève des mineurs du Nord, en 1931 : « On peut même aller jusqu’à la création d’organisations d’autodéfense de masse » comme l’a démontré l’exemple des Pics rouges.

Créer une organisation spéciale des mineurs qui lutteront contre les jaunes et la police, comme si les syndicats et notre parti n’ont pas comme tâche d’entraîner tous les mineurs à la lutte dans les piquets de grève. Pourquoi une organisation spéciale et sélectionnée ?

Plus loin le camarade développe sa position : « Les groupes d’autodéfense doivent être les embryons d’organisations de masses. Il ne le seront pas tant que ne sera pas établi clairement leur rôle, leur travail particulier, large, qu’ils ont à accomplir, en tant qu’organisations et ORGANISATIONS LARGES INDÉPENDANTES… »

C’est là encore une manifestation typique du sectarisme, qui se traduisait par le resserrement et la centralisation, qui permettaient de mieux « surveiller » les mouvements.

Le VIe Congrès mondial de l’I.C., tenu en 1928, a pris position sur cette question dans le passage suivant : « En aucun cas on ne saurait perdre de vue que dans les pays impérialistes, l’existence d’une milice prolétarienne ou d’une garde rouge dans le cadre de l’Etat bourgeois en temps de paix générale est inadmissible et impossible. »

Cette citation est nette et très claire. Pas de G.D.A., pas d’organisation spéciale, détachée de la masse, par d’organisation spéciale qui aura par exemple, comme le S.R.I, pour la défense des emprisonnés, la tâche plus spéciale de former des soldats de la lutte révolutionnaire. Toutes les organisations révolutionnaires doivent donner des soldats pour la lutte révolutionnaire.

Comment voyons­-nous l’organisation de l’autodéfense prolétarienne ?

Aux attaques de la police, des fascistes dans les réunions, dans la rue, devons­-nous reculer ?

Dans aucun cas.

Prêcher maintenant la renonciation à la résistance aux ouvriers, Provoqués par la police et les fascistes, ce serait abandonner le terrain de la lutte de classe.. L’autodéfense Prolétarienne contre les agressions armées de la part des colonnes d’assassins officiels et volontaires de la bourgeoisie, n’est pas seulement indispensable, il faut encore l’organiser et la guider de façon consciente.

I.C. Du I5 août I932.

Cela veut-­il dire qu’à tout prix et à chaque manifestation, comme cela a eu lieu dans certains coins de la France, nous devons attaquer ? Non. Nous ne devons pas faire l’attaque avec quelques troupes, avec l’avant-garde, mais seulement quand nous avons fait le travail pour que les masses soient avec nous. Des exemples concrets sont nécessaires, Les ouvriers de Citroën, lorsque la masse était avec eux, lorsqu’ils manifestaient par milliers, ont montré à la police que les masses soudées et homogènes dans leurs luttes, sont capables de leur résister physiquement et d’imposer leurs manifestations. De même les fonctionnaires et services publics lors de leurs récentes manifestations. La lutte pour imposer la vente de nos journaux ouvriers dans les quartiers prolétariens et autres, ne peut se faire parce que un ou deux bons camarades ont décidé de vendre les journaux, mais quand les organisations et la masse des ouvriers alertés sont prêts à défendre nos camarades. Non pas lutte physique de un ou deux camarades, mais le bloc compact du prolétariat mobilisé à cet effet par les organisations révolutionnaires.

C’est là que nous touchons à l’organisation pour cette lutte de masses. Darbori pose, lui, l’organisation de centuries avec, tous les soirs, des réunions de culture physique, boxe, jiu­jitsu, etc., etc.., astreindre les membres à des exercices quotidiens de gymnastique suédoise. Ces propositions sont bien la suite logique de l’organisation indiquée, organisation restreinte, sectaire, de quelques camarades qui pourront suivre ces exercices.

Nous indiquons, nous, que chacune des organisations révolutionnaires se réclamant de la lutte de classe, forme son groupe d’autodéfense prolétarienne.

Le P.C., la C.G.T.U., le S.R.I, les C.D.H., les Locataires, le mouvement d’Amsterdam et antifasciste, la F.S.T., les chômeurs, les Coopé, etc., etc., chacune de ces organisations prolétariennes touche une partie de la masse ouvrière et paysanne, elles ont besoin chacune de leur autodéfense, elles doivent donc entraîner leurs adhérents et sympathisants â la défense de leurs manifestations, meetings, vente de journaux, défense d’orateurs, etc.

Prenons l’organisation à la base, dans la localité. L’organisation du Parti communiste de la localité ou de l’arrondissement forme avec ses cellules locales ou d’entreprises, des groupes d’autodéfense. Dans l’usine, les membres du Parti doivent entraîner les ouvriers de l’entreprise à la défense des orateurs, des distributeurs de journaux d’entreprises, etc.

Un membre du P.C., seul dans un atelier, peut fort bien sur cette question de la défense de nos camarades qui viennent devant la porte de l’usine, faire de l’agitation, entraîner avec lui des ouvriers de son coin qui sont d’accord avec lui sur ce point particulier.

Entraîner progressivement ces ouvriers qui commenceront par défendre la distribution du journal d’entreprise du P.C., qui les défend à l’usine, à la défense des réunions de leur usine, et puis plus loin à la défense des réunions de la localité, de l’arrondissement, cela sera le travail du membre du P.C. À l’intérieur de son atelier, car il doit être un homme de masse.

La section syndicale à l’intérieur de l’entreprise pourra faire la même chose que la cellule d’usine. Lorsqu’un événement plus grave viendra (grèves, manifestations, etc.), les groupes d’autodéfense qui, sous la direction de la cellule et de la section auront déjà lutté ensemble, ayant déjà eu l’expérience de la lutte, pourront entraîner la masse des ouvriers aux piquets de grève et à la réussite de leurs manifestations. Ce schéma de l’organisation de l’autodéfense prolétarienne de l’entreprise, permettra la mobilisation de tous les ouvriers de l’usine à leur propre défense et non l’encadrement des ouvriers par des spécialistes que la police aura tôt fait de liquider par l’arrestation.

Dans ses cellules locales, de quartier, notre parti forme ses groupes de cinq pour la défense des réunions de quartiers, pour la garde des affiches, pour la défense des journaux ouvriers. Un membre du Parti là aussi peut fort bien, dans sa maison, dans sa rue, trouver des sympathisants qu’il entraînera avec lui pour ce travail.

Le S.R.I. De la localité ou de l’arrondissement, formera aussi son autodéfense, après l’explication sur la nécessité de défendre les vendeurs de la Défense et l’organisation du service d’ordre des fêtes et meetings. II doit organiser des groupes d’autodéfense avec des camarades qui sont susceptibles de réaliser ce travail.

Nous aurons donc, sur la base locale, les groupes d’autodéfense du P.C. (d’entreprises et locaux), du syndicat (entreprises et locaux), du S.R.I., des chômeurs, etc., etc. Nous pourrons avoir les groupes d’autodéfense dans toutes les organisations révolutionnaires de la localité.

Lorsqu’un meeting ou vente de journaux, ou manifestation commune aura lieu sur la base locale, les responsables de l’autodéfense de chacune des organisations pourront se réunir et étudier la meilleure manière de réaliser au mieux ce travail qui leur sera demandé. Les résultats de cette étude seront proposés par un camarade désigné, aux responsables politiques, des manifestations ou meetings qui décideront de ce qui devra être fait.

Pendant la manifestation ou le meeting, le responsable politique, ou les responsables, auront avec eux, sous leur direction le responsable général de la localité à l’autodéfense, désigné par toutes les organisations révolutionnaires participantes, qui assurera techniquement la bonne marche de la manifestation ou du meeting.

Les responsables et même tous les membres de l’autodéfense de la localité pourront se réunir ensemble pour discuter des fautes commises et des lacunes à corriger. Ils formeront ainsi, quand le besoin s’en fera sentir, le groupe d’autodéfense de la localité.

Sur le plan du rayon ou de la région, ou centralement, la même opération que sur la base locale pourra se répéter. Les responsables des organisations révolutionnaires à l’autodéfense se réuniront et pourront désigner un responsable général qui sera chargé de coordonner le travail fait dans chacune des organisations. 

Ces groupes d’autodéfense à part, feront partie intégrante de la masse qui entoure chacune des organisations révolutionnaires. Notre parti qui est le dirigeant, l’avant-garde du prolétariat, pourra donc, de ce fait, entraîner, conduire, discipliner le prolétariat et l’entraîner vers des buts que notre Parti aura tracés.

Bien entendu, il sera nécessaire d’avoir une grande discipline et d’appliquer ce qui aura été décidé. On ne pourra pas toujours étudier d’avance toutes les situations, mais les responsables politiques qui auront autour d’eux la masse des ouvriers qui les connaîtront pour les avoir dirigés maintes fois, pourront d’accord avec les autres camarades plus techniquement responsables, prendre les décisions les plus aptes à conserver toujours le contact avec les masses et faire que celles-ci ne sortent pas de l’action diminuées ou amoindries.

Dans cet article, tous les points ne sont pas touchés. Le travail propre à un groupe de 5, à un groupe d’autodéfense, comment nous pensons que les services d’ordre des meetings devraient être réalisés, la tenue et l’organisation des manifestations, etc., doivent encore être précisés et plus détaillés.

Le travail de l’autodéfense doit être posé sous l’angle d’un travail de masse et non sectaire. C’est dans cette voie (malgré certainement des lacunes) que nous avons voulu orienter la question.

Les événements vont vite, il est nécessaire d’insister sur ce travail qui est très en retard.

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